VIOLONS SAUVAGES

 

"Que lo giau me sembla flor

E la neu verdura"

BdV

« Pour moi, la propriété intellectuelle c’est complètement à côté de toute réalité. D’autre part l’activité intellectuelle, comment est ce qu’elle se déroule ? Comment est ce qu’elle peut déboucher sur le monde de l’appropriation ? Cela me semble invraisemblable étant donné que quand l’un d’entre nous à une idée, elle lui vient à l’esprit. Comment peut-il dire que c’est lui qui l’a trouvé et pas un autre ? Tous ceux qui écoutent leur propre activité intellectuelle se rendent compte de ce qu’il y a de plus riche dedans, c’est ce qui vient de l’extérieur. Chaque fois que j’ai une idée, cette idée, elle s’est forgée en moi bien sûr, mais cette idée elle a été provoquée, très certainement, par le contact avec un autre qui disait peut être le contraire, qui disait peut être la même chose. Mais en tout cas ce qui me rend intelligent c’est ma capacité à rencontrer l’autre et non pas ma capacité à imaginer tout seul comme un grand des idées nouvelles. Une idée ne peut pas appartenir à quelqu’un »

 Albert Jacquard

       Qui possède réellement, le répertoire du violon Limousin Auvergne. Comment s'est déroulé et continue de se transmettre ce répertoire.  Comment quelqu'un peut-il dire : "cette musique m'appartient". Non! ce n'est pas possible. "Sinon, j'ai une idée de bourrée jouée (arrangée) de cette façon au violon. Cette idée est ma propriété ; elle ne doit rien au passé. Les chanteurs du pays, les inventeurs du violon et ceux de la musique modale et non tempérée n'ont rien à dire, c'est à moi !"

Mais alors pourquoi je joue sur doubles cordes, degrés mobiles et ornementations non conformes, tremblements, monnayages excessifs. Tout ça vient bien de l'extérieur, du passé depuis que l'humanité existe, depuis que les hommes préhistoriques tapaient sur des cailloux ou des bouts de bois, qu'ils soufflaient dans des os creux… Etaient –ils propriétaires de leur musique. Puis le suivant a fait un trou dans l'os, a tiré une lanière de cuir sur un bout de branche, qu'il frottera ensuite avec son arc.

       Tous ces instruments à cordes frottées de par le monde élaborés par des humains qui faisaient le contraire ou la même chose mais différemment. Oui,  j'ai rencontré l'autre et me suis enrichi de ses connaissances. Le chant d'abord, puis le bourdon, la résonance, le violon qui fait danser la bourrée. Qui a été propriétaire. Peut on mettre sur une partition cet air pour le réclamer.  Pourquoi celui qui l'a entendu en fait tout autre chose. Oh ! violonaire qui tape sur ton violon à la moitié pour demander un pièce, es-tu affilié et enregistré". Et certains en profitent pour mettre leur nom sur un élément de cette chaîne humaine. "Minute !  Cette valse java qui passe à la radio, est à moi et votre racleur de crincrin va complètement me la démolir".

       Segur ! Il va la mettre dans son style de l'Artense ou de la Monédière et il va jouer juste sur son violon, c'est à dire le faire résonner, le bourdonner la

modaliser (et il chante aussi souvent la bourrée, dans une langue non officielle, heureusement pas déposée encore). Et ce n'est pas fini ! sur cet air à trois temps, il rajoute du deux temps ; il va faire une autre danse, trembler, ajouter plein de notes qui ne servent à rien (et même comme le Jean Chastagnol jouer avec deux doigts) et faire des coups d'archer bizarres, coulées, saccadés, plein de grincements, puis fabriquer des notes différentes (entre tons et demi-tons) en montant ou en descendant, mobiliser les degrés. Et cette nouvelle version est-elle à lui ou m'est-elle léguée grâce aux collecteurs et enfin rencontre  mon violon.

       Et moi, qui ai écouté longtemps avant, du twist, de la pop, du jazz, du classique et des musiques du monde… si j'ai la "Mesura", j'apporterai avec tact, sans rien demander, ma touche à la chaine musicale humaine.

"Mais en tout cas ce qui me rend intelligent c’est ma capacité à rencontrer l’autre et non pas ma capacité à imaginer tout seul comme un grand des idées nouvelles. Une idée ne peut pas appartenir à quelqu’un "

 Ivon