Bioviolon
Penser global et agir local - un des aspects de la décroissance. Mondialisé de par son utilisation, à travers sa diversité dans toutes les musiques, le violon s'est localisé ici dans le Massif Central. De la bourrée chantée à la voix, il en a rendu toute l'énergie et la cadence. Souvent acheté à bas prix, le violon ne retourne plus chez le luthier. Un chevalet cassé ! on en taille un autre avec un couteau ; une corde cassée ! un fil de cable de frein de vélo fera l'affaire ; table fendue ou une cheville cassée, tout se bricole et beaucoup d'Auvergnats et de Limousins (quelquefois menuisiers) se lancent dans la fabrication d'un violon.
Pas de radio, de TV, de Cd, d'internet… L'information vient du proche voisin à l'oreille avec une formation courte par apprentissage et dès 12 ans on remplace à l'occasion le musicien (donc pas d'école, de conservatoire, d'examen).
On ne va pas à un festival à 500 Km mais à un bal ou une noce, à pied ou à vélo, dans le canton voisin. Pas de production de CD, pas de droit de SACEM pour des artistes lointains mais des artisans anonymes ou créateurs modestes.
Mais on a le droit de manger et bien sûr de boire aux noces, bals, veillées. La circulation de l'argent reste locale et non pour les Majors avides. Ce violon là n'est pas rentable pour le busines.
Le violon ne concerne pas des professionnels et généralement les violonaires ont un travail principal . Le violon leur met du beurre dans les épinards.
Renommé par l'efficacité de leur jeu, de leur cadence, sans intermédiaires et surtout dans une société du troc, a l'allure pédestre, de la veillée au bal et à la noce, dans un rayon de 30 km, avec un travail journalier de paysan artisan, sans sono ni éclairage en autodidacte, et pour seul carburant la bouteille de vin pour un salaire minimal, dans sa propre société, payé à la danse au milieu d'un public culturellement et linguistiquement proche d'eux…les violonaires !
La tête dans les étoiles et les pieds sur le plancher, voici le Bioviolon des violonaires.
Ivon